Mères et enfants

Ce programme d’accompagnement psychothérapeutique de mères et enfants victimes de la guerre et de violences politiques à été initié en 2016.

L’objectif de ce programme est d’aider la reconstruction des liens familiaux fortement dégradés par les violences de la guerre, l’exil, et l’arrivée en France, terre étrangère. La dislocation de ces relations peut entraîner une réactivation des souffrances vécues dans le pays d’origine, un sentiment de solitude, un repli sur soi et constituer un frein à l’apprentissage et l’intégration.

La focalisation sur la relation mère-enfant répond au constat d’un afflux récent et nouveau de femmes migrant seules avec leurs enfants, après des parcours jalonnés parfois de viols et de terreur, à la différence des précédentes immigrations féminines suscitées par des regroupements familiaux.

Ce programme s’adresse :

  • aux mères et à leurs enfants identifiés comme étant en souffrance par leur centre d’accueil, leur centre de santé, ou des personnels enseignants
  • aux enseignants rencontrant des difficultés avec ces enfants exilés
  • aux équipes intervenant dans les centres d’accueil et d’accompagnement social ou les centres de soins médicaux : infirmiers, pédiatres, interprètes…

« Il arrive que des enfants naissent durant ces interminables parcours d’exil, marqués par la violence et la persécution. Ces enfants ne savent pas ce qu’est une maison, une école, des jouets. Ils ont dû se taire, rester cachés. Ils vivent dans la peur de la disparition de leurs proches et souffrent de cauchemars. Ils ont souvent des relations difficiles avec les autres enfants. »
Mara Volpi

Aux mères et enfants, il est proposé des séances de thérapie familiale, individuelle, ou de groupe, avec interprète si nécessaire.

Pour les professionnels, nous organisons des réunions de sensibilisation aux problématiques du traumatisme et de la violence intentionnelle ainsi que des groupes de paroles pour que s’expriment les difficultés de leur travail.

La grande majorité des personnes reçues par nos thérapeutes sont adressées par des structures avec lesquelles l’association travaille en réseau et en partenariat : Samusocial, PMI, services sociaux, médecins libéraux, écoles, ONG.

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« Tandis que leurs parents s’installent en cercle auprès de la traductrice et les deux thérapeutes, les enfants s’empressent de prendre place dans le vaste espace de consultation. 
Depuis la table où ils dessinent, ils entendent que des mots sont pour la première fois posés sur des épreuves hier indicibles : violence politique, puis violence du parcours migratoire. Ils dressent parfois l’oreille ou tournent la tête, puis décident la plupart du temps de nous rejoindre, apportant les dessins qu’ils savent pouvoir commenter avec nous.
Ainsi sommes-nous toujours impressionnés par cette manière qu’ont les enfants de s’approprier l’espace thérapeutique : l’échange désormais se fait autour d’eux, ils ont su agir de manière subtile, afin que leur parole soit entendue. »

Thierry Labergère

L’accueil psychothérapeutique des mères et des enfants au CHUM d’Ivry-sur-Seine

Dans le cadre du programme “Mères et enfants”, nous assurons une permanence au CHUM (Centre d’hébergement d’urgence pour migrants) d’Ivry-sur-Seine (Val de Marne), où sont hébergés 400 exilés en attente de statut. Deux psychologues-psychanalystes de l’association y reçoivent , en binôme et en présence d’un interprète, les familles qui souhaitent un espace de parole. Celles-ci leur sont adressées par les consultations infirmière, gynécologique et pédiatrique du CHUM, consultations avec lesquelles notre permanence travaille en étroite collaboration..

La consultation psychologique a été pensée comme une première rencontre qui peut se poursuivre en suivi psychothérapeutique dans le camp mais aussi dans nos locaux, à Paris. C’est un lieu dédié pour se poser, accueillir la parole et la souffrance, retrouver un lien à l’autre, où nous pouvons diagnostiquer, orienter, rassurer, étayer, accompagner, réduire les effets traumatiques. La violence politique est nommée, et ainsi sont recontextualisées les souffrances subies.

« Pris entre l’exil de masse contemporain qui anonymise et la violence intentionnelle qui déshumanise, le sujet reste suspendu et sans mots pour dire sa souffrance. A Ivry, nous proposons d’ouvrir un espace de parole et de le maintenir tant que la famille en aura besoin, dans la plus grande disponibilité d’écoute possible. Nous accueillons avec l’idée qu’un soutien psychique est possible, même si la rencontre est unique.»
Sylvie Dechanciaux

Soutien aux défenseurs des droits de l’Homme et à leur famille

« Nous avons reçu des femmes yezidis, lors de leur passage à Paris pour témoigner devant le Pôle crimes contre l’humanité, dans le cadre de notre programme de soutien aux défenseurs des droits de l’Homme. Nous les avons préparées au questionnement de la justice de façon à ce qu’elles se sentent libres de leur parole, libres d’évaluer ce qu’elles ont besoin de dire et ce qu’elles ne sont pas obligées de raconter en détail, comme les sévices sexuels. »
Diana Kolnikoff

Dès sa fondation, l’association s’est engagée dans diverses actions d’assistance aux personnes luttant pour la défense des droits de l’Homme, en France et à l’étranger. Ces interventions sont conduites en partenariat avec des associations dédiées à la défense des droits de l’Homme : Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH), Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT), Reporters sans frontière (RSF), Tournons la page (Secours catholique).

Ce programme s’articule autour de trois volets :

1. Soutenir, dans des entretiens individuels, des défenseurs des droits de l’Homme, des journalistes et des personnels d’ONG de retour de mission, ébranlés par les violences auxquelles ils ont été confrontés.

2. Apporter une aide psychologique aux défenseurs des droits de l’Homme qui se portent partie civile pour dénoncer devant des tribunaux, en France ou à l’étranger, les violences et les violations auxquelles ils ont assisté ou dont ils ont été victimes.

3. Aider les défenseurs des droits de l’Homme à mieux travailler avec les victimes de violences et d’actes de guerre et à prendre conscience de l’impact de ces violences sur eux-mêmes. Cette assistance est l’objet de missions à l’étranger, l’équipe allant à la rencontre des défenseurs dans leur pays.

« Nous savons que l’objectif principal des agresseurs est d’isoler les défenseurs des droits de l’Homme en brisant les liens qui les unissent à leur communauté. Les techniques de persécution ont pour objectif de réduire graduellement leur espace privé en détruisant le sentiment de sécurité. Mais cette violence ne s’arrête pas aux défenseurs, elle a des répercussions sur l’ensemble de leurs familles. »
Juan Boggino

« Dans le cadre du programme « Défenseurs des droits de l’Homme », nous avons accompagné des Libyens victimes d’emprisonnement et de tortures, venus témoigner devant le Pôle crimes contre l’humanité du Tribunal de Grande Instance de Paris. Ils étaient entendus dans le cadre de l’instruction d’un éventuel procès contre une société française qui a fourni au régime de Khadafi un matériel d’écoute permettant d’arrêter des opposants. »
Diana Kolnikoff

Humanisation des soins

Lancé en 2018, soutenu par la Fondation de France (FdF) et l’Agence régionale de santé (ARS), ce programme s’adresse spécifiquement aux organismes et aux professionnels accueillant des réfugiés et des migrants : centres de santé, Samusocial de Paris, services de PMI, Médecins du Monde, et aussi institutrices, interprètes, travailleurs sociaux.

Nous proposons aux acteurs de l’aide sociale et de la santé une intervention en deux temps : une séance de sensibilisation aux problématiques spécifiques de la violence politique et du traumatisme, puis des groupes de parole.

    Ces réunions sont des moments de libre expression et aussi d’écoute des difficultés soulevées par l’impact des récits des personnes ayant subi de lourds traumatismes. Elles constituent à la fois des temps d’échange, importants pour chacun, et des temps de réflexion commune sur les pratiques.

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    « Les professionnels d’associations travaillant sur des situations de violences politiques manquent souvent d’un espace où prendre du recul par rapport à leurs pratiques. C’est ce qu’offrent les groupes de parole. Généralement, ce sont d’abord les difficultés liées à l’organisation du travail qui s’expriment. Mais l’important, c’est que chacun puisse identifier l’impact sur lui-même de la confrontation avec le vécu des victimes. Il n’est pas rare que la violence politique que celles-ci ont subi soit comme reproduite en miroir au sein des équipes. »
    Diana Kolnikoff

    « Les professionnels de l’accueil et du soin prennent en charge des situations fortement traumatiques dans des conditions de travail difficiles et précaires. Nombre d’entre eux souffrent d’épuisement, d’irritabilité, de perte de distance dans leur rapport aux victimes et d’un sentiment de culpabilité. Il s’agit pour nous de traumatismes secondaires qui affectent, plus au moins, tous ceux qui interviennent dans ce type de contexte. »
    Juan Boggino